Communications CMAQ _Geneviève David
Derrière Amulette, Annie Legault l'attachante designer d’atmosphère et de textile
Entrevue CMAQ_Geneviève David avec Annie Legault
Photos Annie Legault
MONTRÉAL
Annie Legault , merci d'avoir arrêté le temps et d'avoir accepté de te prêter au jeu de l'entrevue Matière à réflexion. Ici, pas de règles, pas de réponses justes. Ici, on passe de la confidence au ludique, du savoir au faire...des contrastes à la lumière...
Ta matière, pourquoi? Elle évoque quoi, elle t’inspire quoi, qu'elle est ton lien avec elle?
La fibre, plus particulièrement la corde, est un lien direct avec une discipline que j’ai beaucoup exploré, soit le dessin. C’est un peu comme si le trait du crayon devenait 3D. Je dessine dans l’espace, avec mes pièces d’expressions.
Le choix de la matière naturelle apporte cette qualité enveloppante, tout autant que la feuille de papier l’est pour le dessin, et peut -être que vient d’ici mon attachement pour la fibre. J’ai toujours eu cette fascination pour les travaux sur papiers, plutôt que sur toile. Peut-être qu’un jour je présenterai mes dessins!
Pourquoi parles-tu de poésie matérielle quand tu parles de tes oeuvres?
Je trouve romantique l’idée que le trait de crayon soit incarné par la corde, par le textile. Le langage devient matérialité. N’est-ce pas ça la poésie?
Comment expliquerais-tu ton métier à un enfant ?
Je fais des tresses avec de la corde, pour rendre les gens heureux ?! Sérieusement, je n’ai pas eu la chance d’avoir d’enfant, mais mon cœur fait intrinsèquement partie du « village pour élever un enfant », le célèbre proverbe africain.
Susciter l’émerveillement fait partie du langage des tout petits, je travaille fort à le préserver, cet émerveillement, aussi longtemps que possible…
Chaque fois que je présente mon travail en des lieux publics et que j’ai la chance d’y être, les enfants sont mon public numéro 1 ! Ils touchent de manière totalement impulsive mon travail et c’est fascinant ! Et même plusieurs adultes ont aussi la curiosité de toucher pour comprendre. Les plus petits regardent mon travail, me racontent leurs histoires, d’autres sont intimidés, ils sont juste vrais, et je les laisse m’en parler…. Ça, c’est mon plus grand bonheur.
Mais au fait, c'est quoi avoir la fibre ?
La fibre est un véhicule de communication. Organique, le textile tisse des liens entre la pensée et la créativité. C’est en soi un outil de langage.
Tu rêves de voir ton art… ?
Je rêve de travailler dans un atelier plus grand ! L’espace où la création évolue a un impact sur les projets. Pour avoir travaillé de la maison plusieurs années, j’ai ressenti le besoin de rendre mon travail plus grand que nature, nature, d’où la collection RAW . Cette série est composée de pièces géantes, rappelant la forêt, les graminées et est fait de matière naturelle et botanique. Je rêve d’être simplement heureuse et disponible comme je le suis maintenant, en créant encore et encore à chaque jour
Shout out à Marc Séguin pour son projet Atelier 3333 qui fait un travail colossal pour la préservation à prix raisonnable, d’ateliers d’artistes à Montréal !
Dans la vie, nouer ou dénouer ?
L’un ne va pas sans l’autre, c’est selon !
Et ....la lumière dans tout cela ?
La démarche artistique de mon projet au BFA de Concordia derrière le projet AMULETTE, d’où le nom était de symboliser la protection en travaillant la lumière contre la noirceur et le froid. Je travaillais l’installation, et la lumière a été aussitôt un élément qui m’interpellait par son énergie positive. Par la lumière comme symbole dans mon travail, il s’est transposé dans le quotidien par l’objet, une déclinaison de mon travail initial, l’installation.
La pièce ou l’expression ?
Et moi je réponds pourquoi ne pas ! Pourquoi ne pas se mettre dans un triangle des Bermudes, entre l’art, le design et l’artisanat? C’est ma zone de confort…
Tu as en tête une escapade … Tu nous fais découvrir quels artisans métiers d’art et provenant de quelle région ?
Je prépare une résidence en Arizona, au Arcosanti qui est un prototype de ville utopique créé par l'architecte italien Paolo Soleri. Le projet met en application le principe de l'archéologie : ce concept d'urbanisme associant architecture et écologie a été inventé par l'architecte en réaction à l'étalement urbain. Ma dernière série sur laquelle je travaille fait référence à ces espaces déconstruits, à la matière et ses couleurs. Je prévois cette résidence d’artiste pour 2022.
La dernière chose que tu viens d’apprendre ?
…que je serai marraine ! On parlait de village pour élever un enfant plus haut, c’est beau la vie !
Boomerang! À qui lances-tu l'invitation pour notre prochaine entrevue?
Oh! À la plus grande des plus grande Pascale Girardin, céramiste, membre du CMAQ!
